Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/274

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la sœur est arrivée, à la tombée de la nuit, nous avons tâché de la faire causer, mais elle répondait toujours : C’est mam’zelle Lucie qui vous fait dire d’avoir bon courage, et que peut-être demain vous pourrez revenir chez nous ; mais je n’en sais pas plus long. Alors je n’ai pu m’en tenir de venir ici pour en savoir davantage, et comme nous avions tous deux, Jean et moi, nos blouses de toile blanche, j’ai arrangé la mienne en manière de jupe, et j’ai attaché l’autre au-dessus de ma tête, afin que si un quelqu’un me rencontrait, il ne me demandât pas mon nom. Et je suis parti. En me voyant, les chiens aboyaient au perdu, tant les hommes leur ont gâté les idées, et le monde se sauvait, que je pouvais pas m’en tenir de rire à plein ventre. Mais ils prenaient ça pour le cri de la bête, car je marchais à quatre pattes, au moins en passant près des maisons. Donc enfin je suis arrivé par ici, et j’ai voulu aller trouver Michel, que je croyais toujours dans la grange, et il paraît que Marie était dehors et m’a vu. Donc, à présent, contez-moi vos nouvelles, mam’zelle Lucie.

— Je ne puis en prendre le temps, répondit-elle. Je vous laisse avec Michel qui vous dira tout. Pour moi, je me hâte de rentrer, car on doit avoir entendu chez nous quelque chose de tout ce tapage, et je m’étonne même que mon père ne soit pas sorti.

— Bah ! dit Cadet, nous n’avons pas fait de bruit à la grange. Moi, je me suis lancé dehors sans rien dire, et Jeandet et Gustin ont tombé sans crier, tant ils avaient peur. Puis, mam’zelle Lucie, la maison de Lurette est encore loin de chez vous.

— Oui, mais à coup sûr la voix de Marie a traversé le jardin, la cour et les murailles, quand vous lui avez fait une si belle peur. Bonsoir, Cadet. Au revoir ! Michel.

Comme elle sortait du jardin, Lucie rencontra son père.