Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/305

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venue pour un autre, tandis que Gène, embarrassée de répondre à cette question, rougissait aussi.

— Il y a si longtemps que nous n’avons causé ensemble ! dit la jeune paysanne.

— Je le crois bien ! tu ne parais plus à Chavagny.

— Eh bien, vous avez pris un bon jour, mam’zelle Lucie. On chôme aujourd’hui, vous savez. Mon père est à la maison, et je pourrai me promener avec vous. Nous irons au bord de la rivière. À présent ma mère se lève tous les jours pendant quelques heures ; elle est en bon train de guérir. Quel beau bouquet d’aimez-moi vous avez !

Lucie entra dans la maison pour faire visite à la malade ; ensuite elle accompagna Gène dans les étables, où celle-ci devait, avant de s’éloigner, distribuer la pâture.

— Vous allez voir nos deux chevreaux, mam’zelle Lucie, comme ils sont gentils !

Lucie caressa les douces petites bêtes, dont l’une, en retour, allongea sa langue rose sur la joue de la jeune fille.

— Elle vous aime déjà ! C’est une petite chèvre : il faut que vous la preniez quand elle sera plus grande, voulez-vous ?

— Qu’en ferais-je ? dit Lucie. On ne veut pas de chèvre chez nous.

— Vous avez bien tort. C’est si agréable d’avoir le lait et les fromages ! Vous ne savez pas, mam’zelle Lucie, tout le profit que je fais avec mes élèves. D’abord, sans compter les volailles, j’envoie toutes les semaines au marché de Gonesse, par la Perrine, des œufs, du fromage et du beurre, qu’elle me rapporte en beaux francs. Venez maintenant voir mes poules. Et puis, songez, l’agrément d’avoir tant de provisions à son besoin !

Elles trouvèrent dans le poulailler des canetons nou-