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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/323

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fla-t-elle dans l’oreille de sa confidente, qui poussa une exclamation, jointe à un soubresaut. Et sans compter, reprit Mme Bourdon avec emphase en appuyant sa main sur le bras de Mlle Boc, sans compter neuf cents francs dont on lui a fait remise.

— Grand Dieu ! madame Bourdon, mais c’est à jeter les hauts cris !

— C’est comme cela ! dit la majestueuse petite femme, en quittant tout à coup Mlle Boc.

Au bout de vingt pas elle rencontra Aurélie.

— Va tenir tête à cette vieille pie, mon ange, dit-elle, et tâche de t’en débarrasser le plus tôt possible. Tu comptes faire un peu de toilette, j’imagine. Tes cheveux ont besoin de la brosse et d’un peu d’huile. Tu prendras ta petite robe de foulard gris et rose qui te va si bien, avec ton canezou à bouillons. Voyons, fais-toi gentille, l’heure s’avance.

— Oui, maman ! répondit Aurélie en rougissant.

Puis elle alla prendre vis-à-vis de Mlle Boc un air de résignation, combiné avec un système de monosyllabes, qui devait mettre en fuite au bout de quelque temps la communicative personne. Mais quelques minutes s’étaient à peine écoulées qu’un tiers arriva. C’était Lucie Bertin !

Elle était fort changée. Elle avait maigri ; ses joues étaient pâles et ses yeux cernés. Après avoir salué froidement Mlle Boc, elle s’assit près d’Aurélie, et dit en souriant (mais ce sourire même était empreint de tristesse) :

— Je suis venue en mission près de ma tante, de la part de Clarisse.

— Ah ! et de quoi s’agit-il, ma chère ? demanda Aurélie.

— C’est une fantaisie de ma pauvre sœur. Elle a la fièvre depuis deux jours et ne peut rien prendre. Tout à l’heure lui est venu le souvenir de cette crème à la vanille