Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/332

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— Parsambœuf, ces demoiselles doivent s’ennuyer par ici ! Pourquoi ne venez-vous pas quelquefois chez nous ? On entre, on cause, on boit un doigt de vin. On pourrait même sauter quelques crêpes. Je ne suis pas un homme de dépense, moi, mais ça me serait un vrai carnaval que de vous voir. Est-ce que ça ferait peur à ces demoiselles de se mettre une lieue dans les jambes ?

— Assurément ! dit Clarisse.

— Oh ! bien, si ça n’est que de ça, je ne fais ni une ni deux, je viens vous chercher dans mon tirebury. Dame ! il n’est pas si beau que l’américaine de M. Gavel, mais c’est encore gentil et commode, et parsambœuf, on pourrait bien quelque jour en avoir une aussi belle que la sienne, quoique la frivolité ne soit pas mon goût. Mais quelquefois, pourtant, faut découvrir ses moyens, n’est-ce pas ?

— Quand on en a ! dit Lucie.

— Voilà qui est de bon sens, mam’zelle Lucie. On fait ce qu’on peut, rien de plus. Vous dites ça tout comme il faut. Y a des gens qui me demandent : pourquoi donc portez-vous la blouse, puisque vot’père était un monsieur ? — Ça fait-il ? que je réponds, mieux vaut être que de paraître. Mon père a défait sa fortune en habit, moi, je la refais en blouse. Qu’est-ce qui est le mieux ?

— Certainement, ce n’est pas l’habit qui fait la personne, dit Mme Bertin.

— Parsambœuf, non ! et puis a-t-on pas assez du dimanche pour faire le faraud ? Tenez, pas plus tard qu’hier, à la foire de la Cornée, j’ai gagné cent francs sur une paire de bœufs. Avec mon habit, j’aurais-t-il fait ça ? Demain, j’en tirerai peut-être davantage sur un marché de fagots, et comme ça, je m’arrondis tout doucement. Oui, m’ame Bertin, oui, c’est comme ça qu’il faut faire, à la bonne flanquette et sans compliments. Écoutez les idées