Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/336

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Après avoir cueilli des citrons pour Clarisse, les trois jeunes filles allèrent s’asseoir au jardin sur un talus gazonné semé de violettes de Parme, et qu’ombrageait un paulowia.

— Puisque nous sommes à la campagne, dit Mlle de Parmaillan, je puis, n’est-ce pas ? sans attendre la nouvelle officielle, vous féliciter sur votre mariage, mademoiselle Aurélie. J’ai vu M. Gavel. C’est un homme du monde, et qui paraît fort distingué.

— Il a de précieuses qualités, répondit Aurélie d’un air pudique ; j’en suis certaine, dès que mes parents ont fait choix de lui pour lui confier mon bonheur,

— Vous habiterez Poitiers ?

— Oui ; ne vous y verrai-je pas quelquefois ?

— Peut-être ne serai-je plus ici à l’époque de votre mariage.

— Quoi ! vraiment ? moi qui espérais votre présence à l’église, et vos bonnes prières ce jour-là !

— Vous les aurez, ma chère, en quelque lieu que ce soit. Entre les murailles d’un couvent, elles n’en seront que plus ferventes.

— D’un couvent ! s’écria Lucie.

— Comme vous voilà effrayée, Mlle Bertin ! dit en souriant Isabelle.

— Quoi ! ma chère, dit Aurélie, vous auriez cette sainte et redoutable vocation ?

— Non pas précisément, répondit Isabelle en souriant toujours ; mais elle me viendra, je l’espère. Je prierai Dieu pour cela. Ce n’est pas la vocation de mon esprit, mais celle de ma destinée. Je suis heureuse sans doute d’être appelée malgré moi.

— Ah ! la destinée ne peut rien sans vous, dit Lucie ; réfléchissez profondément avant de vous sacrifier ainsi !

Mlle de Parmaillan prit, en se retournant vers Lucie,