Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/41

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n’y avait pas eu d’exemple qu’elle fût restée court sur quelque sujet, outre qu’elle savait par cœur beaucoup de maximes et de proverbes, et qu’elle avait vu et entendu bien des choses ! Il n’était pas non plus dans ses manières de quitter les honnêtes gens brusquement, sans leur rendre au moins autant de paroles qu’ils lui en avaient donné. Cependant elle ne mit pas cinq minutes à traverser la place avec la rue qui est au bout, et ceux qui ce jour-là virent sa longue échine aussitôt après son nez pointu, pensèrent qu’assurément il y avait quelque chose d’extraordinaire.

Arrivée au chemin qui longe le cimetière et à l’autre bout duquel est la demeure des Bertin, elle s’arrêta pourtant une minute devant la mère Françoise qui filait au rouet sur le seuil de sa porte.

— Ça va bien, mère Françoise ?

— Merci, mam’zelle, et vous ?

— Quel beau temps ce soir ! Votre Michel est donc revenu au pays ? On dit comme ça que c’est un garçon bien dégoûté.

— Eh ! eh ! fit la Françoise en riant, faut-il pas laisser parler le monde ?

— Vous me conterez ça.

— Ma foi, mam’zelle, vous me croirez si vous voulez, mais n’en sais pas plus long que les autres.

— Bah ! vous voulez rire.

— Ma foi, ma loi !

— Allons, mère Françoise, nous causerons de ça. Mais le soleil se couche, et il faut que j’aille voir cette pauvre demoiselle Clarisse.

— Est-ce qu’elle serait plus malade ?

— Mon Dieu, non ; pas que je sache.

— Vous ne passez pas par le sentier, mam’zelle ?

— Merci ! il y a trop d’égaille (rosée), et j’irai aussi vite par le chemin.