Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/412

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XVIII


Le lendemain eut lieu la saisie-brandon. Ni secours, ni marque de sympathie ne vinrent de chez les Bourdon, ni de chez M. Grimaud. Ils affectèrent d’ignorer. Les paysans de Chavagny n’eurent pas autant de réserve. Le blâme et la pitié, presque toujours associés dans les jugements humains, furent déversés en abondance.

— Comme ils doivent être honteux ! disait Chérie Perronneau. Des gens si fiers, qu’ils s’imaginent être plus que les autres ! Je serais curieuse de voir quelle mine ils font à présent. Vaut pourtant mieux porter la coiffe que d’être dame comme ça.

— Ça me barbouille le cœur tout de même, s’écriait Mlle  Boc ; on est trop bon ! Mais il faut avouer que si le bon Dieu les afflige, ils l’ont bien mérité.

— Hum, disait la Françoise à sa voisine en voyant passer l’huissier, v’là qu’est dur au moins pour des messieurs ! Y a des familles de paysans qui, à ce qu’ils croient, ne les valent point, et chez qui, tout de même, ça n’a jamais arrivé. Défunt mon père disait toujours : Mieux vaut suer sang et eau, et manger de la vache enragée que de rien prendre à crédit. Qui paie ses dettes s’enrichit ;