Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/45

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— Je serais venue plus tôt, mes voisins, dit Mlle Boc en mettant ses pieds sur les tisons, autour desquels bouillaient deux pots et une cafetière, sans cette petite créature qui me ravage le tempérament. C’est les sept péchés capitaux ! Elle me fait dénaître ! Imaginez-vous…

— Mademoiselle Boc, interrompit Lucie qui s’était mise à broder auprès de la fenêtre, vous m’aviez promis une grande nouvelle.

— On vous la dira, petite curieuse ! mais vous êtes bien pressée.

— Vous le seriez encore plus que moi, mademoiselle Boc, si vous n’étiez pas sur le chapitre de Francille ; mais laissez-la un peu ; voyez, tout le monde attend.

En effet, au mot de nouvelle, une expression d’agréable surprise avait éclairé les visages, et l’attente devenait plus vive à chaque seconde.

— Allons, voisine, allons ; dites-nous ça, demanda M. Bertin.

— Qu’est-ce que ça peut-être, ma chère demoiselle, articula Mme Bertin, qui, malgré sa figure élégiaque et son air absorbé, n’était pas étrangère aux plaisirs du commérage.

— Oh ! vraiment, dit la malade, vous nous apportez une nouvelle ? et qu’est-ce que ça peut-être, mademoiselle Boc ?

— Elle va nous faire languir sans pitié, reprit gaiement Lucie qui, toujours penchée sur les vitres où s’éteignaient les dernières lueurs du jour, tirait l’aiguille sans relâche.

— Vous vous arrachez les yeux, ma mignonne, lui dit Mlle Boc.

— Ne vous occupez pas de moi, lui répondit la jeune fille.

— Eh bien ! non, puisque ce n’est pas de vous qu’il s’agit, mais de votre cousine.