Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/463

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Est-ce qu’il a voulu t’embrasser ? demanda brutalement M. Bertin.

— Je m’y suis opposée, répondit-elle en rougissant.

— Mais es-tu sûre qu’il y entendait mal, au moins ? Car entre parents on ne va pas se fâcher pour une gaudriole.

— J’en suis sûre ; et je vous avais déjà prévenus, dans une de mes lettres, que le ton et l’air de M. Gavel vis-à-vis de moi n’étaient pas convenables.

— Il t’a donc fait une déclaration ? demanda Mme Bertin.

— Oui, maman.

— Quel abominable séducteur ! s’écria-t-elle.

M. Bertin lâcha deux ou trois jurons. — Ta cousine peut se vanter d’avoir épousé une fameuse canaille, ajouta-t-il. Mais que lui as-tu dit, à elle, pour qu’elle te laissât partir ?

— Au fond, mon père, elle ne demandait pas mieux. J’ai feint d’avoir reçu de vous une lettre qui me rappelait, ma sœur étant plus malade. Je n’ai pas même pris le temps de dire adieu à Gustave. Nous lui écrirons demain pour le rassurer sur Clarisse.

— Hélas ! dit Mme Bertin, il n’y a pas lieu de le rassurer !

— Quoi, maman !

— Ta sœur est bien malade, reprit la pauvre mère d’une voix pleine de larmes.

En ce moment on entendit de la chambre voisine la voix de Clarisse qui appelait. Lucie courut à elle, et eut peine, en la voyant, à retenir un mouvement de terreur et de chagrin. La maladie avait fait d’effrayants progrès ; le visage de Clarisse était décharné et livide.

— Tu dormais ? lui dit Lucie en l’embrassant.

— Non, je ne puis dormir ; et pourtant je ne me lève guère depuis huit jours. — Sa respiration était sifflante.