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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/496

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nant le bras à Michel. Plus courageuse que brave, elle était venue pour fortifier Lucie de sa présence ; mais la pauvre enfant avait peine à marcher, et en approchant de la rue principale, où se tenait la foule, elle faillit s’évanouir. Les autres personnes étaient seulement la mère Françoise et les quatre témoins : Cadet, Bernuchon, Isidore, et un cousin de Michel.

Aux abords de la mairie, se trouvait Chérie Perronneau, qui allait de groupe en groupe en s’étouffant de rire et en disant mille sottises. Mais après le passage de la mariée, l’aîné des fils à Voison lui dit rudement :

— Tais-toi donc, la Perronnelle ! tu auras beau rire jusqu’aux oreilles, avec ta grande bouche, tu ne nous feras jà voir si gentille mariée, ni marié si fier et si content.

En sorte qu’à Chavagny, où toute la journée il ne fut parlé que de ce mariage, tous les jeunes gens s’accordèrent pour envier le sort de Michel. Les jeunes filles seules glosèrent aigrement sur la mariée. Le soir, jasant au seuil des portes, les vieilles et les vieux racontaient, les unes comment Petit-Jean épousa la fille d’un roi, les autres, au temps de la guerre d’Allemagne, comment des chanoinesses et des baronnes accueillaient le soldat français. En résumé, si la malignité eut large pâture, la justice et l’égalité furent admises à ramasser les bribes du festin, — généreuse aumône. Un gueux a-t-il droit de se plaindre, s’il obtient la dernière place à la table d’un roi ?