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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/60

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III


Le lendemain était un dimanche. Mme Bertin ayant mis sa robe jaune, et ses filles les robes de mérinos vert, neuves une seconde fois, toutes trois, coiffées de chapeaux rajeunis aussi par Lucie, partirent après déjeuner pour l’église, où se rendaient de tous côtés, appelés par le chant des cloches, les habitants de Chavagny et des villages environnants. Partout sur les chemins gens endimanchés : filles en cornettes blanches et en capes bleues, avec des tabliers rouges, bleus ou verts ; vieux paysans guêtres, en veste de bure, la tête ombragée du feutre noir, à côté de jeunes hommes pimpants et farauds, en blouses de coton bleue brodées sur les coutures, et coiffés d’un chapeau de paille entouré d’un ruban. Ces vives couleurs, cet air de fête, s’arrangeaient à merveille avec la nouvelle verdure, les premières fleurs et le gai soleil.

L’église de Chavagny date du quatorzième siècle, comme le témoigne son porche aux monstres grimaçants, qu’habitent sans peur les hirondelles. Elle est vaste et partagée en deux nefs, mais le chœur seulement et une partie du transept sont voûtés : de sorte que l’hiver, la pluie, pénétrant à travers la toiture, forme de petites mares sur les