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IV


Pendant quelques jours, il ne fut question à Chavagny que du mariage de Mlle Bourdon et des belles noces qui auraient lieu. Comme ailleurs, la richesse des fiancés disposait tout le monde à prendre à leur sort un grand intérêt mêlé de respect. On exagérait même un peu cette richesse, car, dès qu’il s’agissait de centaines de mille, quelques-unes de plus ou de moins ne faisaient rien à l’affaire, et c’était bien tout un pour ceux qui en parlaient. On assurait que le préfet assisterait aux noces, et il y en eut des villages qui, ne sachant point ce que c’était qu’un préfet, répétèrent tout bonnement que le roi en serait : d’où le bruit se répandit bientôt que M. Bourdon et le roi Louis-Philippe s’étant remis en bon accord, il se pourrait bien faire que le roi vînt aux noces, ou tout au moins quelqu’un des siens. Certains savants du village objectaient la distance de Chavagny à Paris ; mais d’autres répondaient à cela que le chemin de fer à présent venait de Paris à Tours et que le roi d’ailleurs avait de bons chevaux.

Où l’on pensait le plus à ce mariage, bien qu’on en parlât peu, c’était chez M. Bertin. Dans cette famille qui jusque-là s’était le plus possible retranchée dans les illu-