Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/99

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— Vous ne l’en ferez point tomber d’accord, m’sieur Bertin, interrompit Cadet. Il est ostiné là-dessus, et personne chez nous ne lui en dit plus mot, parce que ça le fâche.

— Ça ne peut cependant que lui faire honneur, dit M. Bertin.

Bien étonnée, Lucie regarda son père, se demandant s’il plaisantait.

— La fille à Martin d’ailleurs n’est pas si secrète, reprit Cadet. Elle ne fait que pleurer depuis qu’il est parti, et tous ceux de Chavagny qu’elle rencontre, elle s’enquiert d’eux ce que fait Michel. Savez-vous m’sieur Bertin ? On dit qu’elle doit venir à l’assemblée de Pâques avec son père, pour le demander en mariage.

— C’est une brave fille, dit Michel, en se levant, une fille qui n’a jamais fait de nuisance à personne, et qui est donnante aux pauvres gens. Elle ne mérite donc pas qu’on jase tant sur elle, et pour moi je n’y saurais donner mon consentement.

Il se dirigea vers la porte, et M. Bertin s’écria :

— Mais tu n’as pas fini de manger, Michel, mon garçon ! Reviens, va, on ne t’en parlera plus.

— Merci, m’sieur Bertin, j’ai fini, dit le jeune homme, et il sortit.

— Elle est donc bien laide ? demanda M. Bertin à Cadet, après le départ de Michel.

— Pour ça, oui, assez joliment, dit Cadet. Pourtant elle n’est pas horrible tout à fait, et, quoiqu’elle soit encore bête comme une oie, c’est tout d’même drôle que Michel n’a pas voulu d’elle avec ses millions.

— Quoi, s’écria Lucie, vous parlez de la fille de Martin le guérisseur, une fille si riche, dit-on, et qui a déjà refusé plusieurs bourgeois ?

— Pargué, oui, mam’zelle, et des messieurs de Poitiers.