Page:Leo - Une vieille fille.pdf/112

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bert l’encourage ; elle cède et va s’asseoir près de sa sœur.

Ils fendent ces eaux bleues si belles. Ils chantaient, riaient ou rêvaient, et la barque, poussée par quatre bras nerveux, filait au large.

Au bout d’un quart d’heure, Albert s’écria :

— Serrons la côte, nous allons trop loin.

Ils dirigèrent la pointe de leur embarcation du côté de Saint-Sulpice, au couchant, et recommencèrent à causer gaiement, sans s’apercevoir que, poussée par le vent, la barque dérivait du côté de la Savoie.

Tout à coup, ils se sentirent enveloppés d’un souffle violent et froid, et la barque tourna subitement. Les deux jeunes gens se levèrent en sursaut, en échangeant un regard inquiet. Ils avaient dépassé la zone abritée par la côte vaudoise. La brise les poussait avec force ; le lac s’agitait sourdement.

— Force de rames ! cria Samuel, et tâchons de regagner le port.