Page:Leo - Une vieille fille.pdf/127

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peignoir entr’ouvert laisse voir un cou d’une blancheur éclatante et d’une forme exquise ; ses yeux brillants à travers ses larmes, ses lèvres vives, ses narines mobiles, son front pur, tout en elle est plein de jeunesse et de grâce. Albert croit rêver.

Étonnée du silence et de l’immobilité de son ami, mademoiselle Dubois le regarde, et l’expression des yeux du jeune homme lui rappelle ce qu’elle oubliait. Elle pousse un cri intraduisible, croise vivement son peignoir, et s’écrie :

Allez-vous-en, Albert !

Albert veut s’excuser, mais il ne peut trouver une seule parole. Il sort dans un trouble tel, qu’il ne sait ce qu’il fait ni où il va. Cependant une émotion délicieuse le pénètre, le remplit, l’enivre. Il lui semble qu’autour de lui le monde est enchanté. Il marche à grands pas dans le jardin : le soleil rayonne, les reines-marguerites tournent doucement sur leur tige et lui sourient. Il va jusqu’au bout de l’allée, puis il revient ; mais il n’ose lever les yeux, parce que la fenêtre du premier