Page:Leo - Une vieille fille.pdf/74

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Ces bois s’étendent du nord au sud-ouest sur les bords d’un torrent, dont ils tapissent les gorges profondes. On y a ménagé des allées, des points de vue, des bancs pour les promeneurs. Mais dans la plus grande partie, la terre échappe au pouvoir de l’homme, se dérobe sous les pas et se fait belle, en dehors du modèle humain, à sa manière magnifique et sauvage.

Albert, Pauline et mademoiselle Dubois s’assirent à l’entrée sur une éminence, d’où l’on voit du lac et des Alpes un aspect nouveau et le joli village de Belmont étagé sur la colline. Mais, quoique fatigués un peu, les deux amants ne pouvaient tenir en place. On entendait partout dans l’air et dans la terre le fourmillement sourd des plantes qui poussaient, de l’herbe qui verdoyait, des larves qui éclosaient, du bourgeon qui s’ouvrait. On respirait ce parfum sans nom, le plus enivrant de la terre, qui est l’haleine d’avril. De toutes parts tout se gonflait, se tendait et cherchait à briser son enveloppe, et leurs