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après des marches très pénibles à travers les forêts et les marais. Nous trouvâmes là une reine — il n'en manquait pas à Madagascar — nommée N'galla. Elle était entourée d'une cinquantaine de femmes vêtues de costumes aux couleurs vives, qui chantaient des mélodies douces et mélancoliques. Autour de la reine se tenaient le conseil des vieillards et quelques guerriers. Les autres assistants, y compris le roi et les officiers étaient assis sur des nattes ou sur des caisses à pétrole.

Le 18, une reconnaissance fut exécutée vers Andranobé, tandis qu'un convoi de dix mulets allait chercher des vivres à Ampassimena. Un jour la reine nous offrit une fête chantante et dansante. D'un côté, on voyait les guerriers armés de fusils à pierre et de sagaies et de l'autre, les femmes en groupes, couvertes d'un pagne tombant des seins jusqu'aux chevilles. Elles étaient toutes assises ; parfois elles dévoilaient leurs charmes en laissant tomber leurs vêtements jusqu'à la ceinture. Elles chantaient sur un rythme monotone et avec un parfait ensemble une poésie nègre que l'interprète, M. Bénévent, a ainsi traduite : « Le Français est venu, c'est notre ami, il nous a donné du rhum ; le Sakalave est courageux, il boit le rhum du Français, etc.. » Ensuite les danseuses exécutèrent une danse gracieuse et originale. Le roi se tenait à côté de la reine, coiffé d'un bonnet de coton, et passablement ivre. Je reviens à la reconnaissance. Après trois jours pleins d'une marche très pénible à travers des forêts et des marais, la petite colonne arriva le 22 mai à Mahabo, n'ayant fait que 23 kilomètres. Dans ces trois jours, il avait fallu évacuer quarante hommes sur soixante-quinze.

De là nous vînmes à Androtra où un soldat se suicida. On nous y communiqua la dépêche suivante du ministre de la guerre au général Metzinger : « Vives félicitations pour vous et vos troupes de Marovoay. » Cette ville était indiquée comme le point terminus probable des opérations de l'avant-garde, mais en réaIité