Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/219

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droits aux vivres en campagne. On nous parlait de 24 grammes de café, de 30 grammes de sucre, de 50 centilitres de vin, de tafia, que sais-je encore ? C’était à faire venir l’eau à la bouche, mais tout cela ne changeait pas l’ordinaire... l’eau et le riz, sans discontinuer.

Une nuit, une de nos sentinelles placée près de la mission fut attaquée par une petite bande de Chinois. Un Chinois allongeait vers elle un long coupe-coupe, mais à peine avait-il esquissé le geste qu’un coup de baïonnette à la tête l’allongeait à terre. Cinq individus de la bande purent être arrêtés. Interrogés, ils répondirent sans hésiter qu’ils voulaient massacrer les catholiques chinois de la mission. Le lendemain, tous furent passés par les armes. Je me suis demandé si les circonstances n’étaient pas vraiment propices alors aux troupes alliées pour mettre fin aux agissements et aux fourberies de tous ces Orientaux. Les Chinois ne pouvant évidemment nous opposer une résistance sérieuse, il eût été on ne peut plus facile de s’emparer des provinces du Petchili et de Canton, où les plus dangereuses intrigues s’étaient toujours tramées contre les Européens. Dans la première, c’était le gouvernement qui agissait ; dans la seconde, un nombre considérable de mandarins formant une société secrète entretenaient des bandes armées dans l’unique intention de massacrer les blancs. Il valait évidemment mieux couper court à tout cela ; il n’en a rien été cependant, et encore une fois on s’est laissé allé à ces sentiments de mansuétude et de sensiblerie déplacées que propageaient en Europe des gens qui ignoraient tout de la Chine et de ses habitants. Malheureusement l’Europe est exposée à payer cela plus tard et le péril jaune peut devenir très vite une réalité si on laisse à ce bloc oriental le temps de s’organiser.

Le 20 septembre, une colonne composée de Français, de Russes, d’Allemands et d’Italiens ainsi que d’une compagnie de débarquement autrichienne, attaqua le