Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/246

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animaux d'une parfaite imitation, ainsi que des statues représentant les personnages défunts. Les auteurs de ces œuvres y ont mis tant de finesse et de science d'imitation qu'à une certaine distance toutes ces statues semblent non seulement naturelles, mais encore prêtes à se mouvoir. J'en fus émerveillé lorsque je vis ce spectacle pour la première fois.

Fort heureusement, on n'attendit pas le dégel pour nous donner le reste des effets d'hiver. Le 29 novembre, il faut être juste, cinquante chameaux nous apportèrent des jerseys, des bas, des chaussettes de laine, des gants, des cache-nez et des peaux de mouton. Ces effets nous ont rendu grand service, car le froid était tel qu'on ne savait pas où se fourrer. Mais je me suis demandé pourquoi les envois des Dames de France ne nous parvenaient plus ? Avec quelle joie nous aurions vu arriver leurs cadeaux habituels : papier à lettre, plumes, tabac, savon, etc. ! Bien des familles attendaient probablement avec impatience des nouvelles de leurs enfants, les traitant peut-être de négligents ou d'ingrats, sans se douter que les pauvres, complètement dépourvus du nécessaire, étaient bien empêchés d'écrire.

Le 1er décembre, j'accompagnais le lieutenant Javouhey (fils du général) à la Grande Muraille de Mongolie. Nous étions en tout huit cavaliers. A peine avions-nous fait deux heures de chemin, que nous voyions une bande de Boxers déboucher d'un tournant de montagne et s'avancer droit vers nous. Ils étaient une trentaine. Rapidement, nous mettons pied à terre et baïonnette au canon. Laissant nos chevaux sous la surveillance d'un homme, nous nous déployons en tirailleurs. Pendant ce temps, la bande oblique à gauche vers la montagne, probablement avec l'intention de nous prendre de flanc. Ce mouvement fit changer la tactique de notre lieutenant. Nous remontâmes à cheval, et nous avançâmes au pas, l'arme dans la main droite appuyée sur la jambe, prêts à faire feu. Lorsque nous arrivâmes