Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/249

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à l'altitude de 800 mètres. Chaque groupe avait un drapeau de couleur rouge. On faisait signe aux Boxers de descendre, mais ils ne nous écoutaient pas... et pour cause. Le soir nous fîmes notre entrée aux Tombeaux, bœufs, chèvres et moutons en tète. En même temps les premiers flocons de neige commencèrent à tomber et brusquement le thermomètre descendit à 15 degrés au-dessous de zéro.

Deux jours après cette reconnaissance, je me rendis à I-Tchéou pour affaire de service. J'y assistai à une quadruple exécution. Le préfet avait convié à cette cérémonie funèbre quelques officiers, ainsi que deux journalistes. Le spectacle que j'eus sous les yeux vaut la peine d'être décrit.

Avant l'exécution, les condamnés traversèrent la ville, entourés d'une garde sabre au clair, précédés du préfet et d'autres hauts fonctionnaires qui tous étaient habillés de rouge. Chaque condamné portait sur le dos une pancarte où son crime était indiqué en gros caractères. A la porte d'entrée de la ville le convoi s'arrêta. Le préfet, debout, signa le texte de la condamnation et jeta la plume au visage du condamné. Pour chaque condamné, il changeait de plume. Le prévôt d'armes, habillé de noir, donna le signal de l'exécution. L'exécuteur se mit alors en position, en levant avec les deux mains un large coupe-coupe qui brillait au-dessus de sa tête. Un aide avait au préalable fait mettre les quatre condamnés à genoux sur la même ligne, à un intervalle de 4 mètres environ et les mains solidement attachées derrière le dos. L'aide saisit brusquement la tresse du premier condamné et la tira à lui, de façon que le cou se trouvât penché. Aussitôt, le coupe-coupe tomba et la tête roula par terre. Les autres condamnés regardaient le sol sans sourciller. Cependant, quand le tour du troisième arriva, il essaya de se lever. Mais l'aide l’empoigna à la gorge, le remit à genoux et le coupe-coupe inexorable s'abattit. Aussitôt que le quatrième fut exécuté, le préfet