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stagnation, on peut même dire de recul du progrès chez les Chinois, à leur conception particulière de la hiérarchie sociale.

La population comprend cinq classes, qui se succèdent dans l'ordre suivant d'après la considération, l'estime et l'influence dont elles jouissent dans le pays.

En premier lieu viennent les lettrés et mandarins de tous ordres. Seuls appartiennent à cette classe les Chinois pourvus de certains titres qui correspondent assez bien à ceux de nos bacheliers, licenciés et docteurs, mais avec cette différence pourtant qu'en France chacun peut obtenir ces diplômes en justifiant de certaines connaissances, alors qu'en Chine on ne les confère qu'au concours et en nombre très restreint, eu égard au chiffre des candidats. D'où ces concours de lettrés, qui tiennent une si grande place dans la vie de l'Extrême-Orient et qui ont lieu non seulement en Chine, mais aussi dans notre Indo-Chine française.

La seconde classe de la population est celle des agriculteurs qui, comme on dit là-bas, « nourrissent le corps, ainsi que les lettrés nourrissent l'esprit ».

En troisième lieu, vient la classe des manufacturiers.

La quatrième classe est celle des commerçants ; elle passe après les trois autres parce que, comme me le faisait observer un mandarin, « celui qui vend ne fait que gagner sans produire ».

Enfin, au dernier rang de l'échelle sociale, vient la classe des militaires, que le reste de la population a tenue en profond mépris jusqu'à ces derniers temps.

C'est parfait ! diront sans doute quelques antimilitaristes, si ces pages tombent sous leurs yeux. Or, il est permis de se demander si cette mentalité chinoise qui a fait fi, pendant de longs siècles, de l'élément militaire et de l'esprit qu'il comporte, n'a pas été la principale cause du recul et de la décadence de ce vaste pays. En Europe, l'exemple de l'Allemagne et, en Asie à proximité de la Chine, celui du Japon, peuvent et doivent donner à réfléchir. J'en conclus que, contrairement