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la discipline est de six mois, mais toute punition nouvelle entraîne une prolongation.

Pendant mon séjour à El-Oussek, je n'ai jamais vu maltraiter les disciplinaires ; les gradés leur parlent d'un ton ferme, résolu, mais sans arrogance.

On a, récemment encore, beaucoup parlé et écrit au sujet des compagnies de discipline. Les uns prétendent qu'elles sont une honte pour un pays civilisé ; les autres qu'elles sont indispensables dans l'intérêt supérieur de l'armée. Quelle est la vérité entre ces deux versions ? Je me permets de dire ceci : lorsqu'une personne est malade, elle va consulter le médecin, et, de préférence, un médecin que son expérience pratique a déjà formé. Il me semble qu'on doit en user de même pour les questions de discipline. Qui est plus apte à les trancher que nos généraux qui, presque tous, ont fait campagne et dont plusieurs ont commandé en chef devant l'ennemi ? Pour moi, humble soldat, j'ajouterai ceci : nous ne vivons plus au temps où l'on combattait avec des lances et des javelots. Aujourd'hui, la science des combats a progressé également dans les armées de toutes les puissances ; la victoire appartiendra aux plus disciplinés. D'autre part, le goût du bien-être qui est presque à l'antipode du goût pour le métier des armes, paraît avoir sérieusement atteint la discipline militaire dans toutes les armées des peuples civilisés. Ceux qui se sont donné la peine d'observer l'ont certainement constaté comme moi, pendant l'expédition de Chine de 1900-1901, où des troupes de plusieurs puissances étaient réunies. La victoire des Abyssins sur les Italiens et celle des Japonais sur les Russes ne peuvent être attribuées qu'à la discipline ; par contre, la défaite des Boers en Afrique est la conséquence de l'indiscipline. Le général boer De Wett l'a d'ailleurs parfaitement reconnu dans un ouvrage qu'il a publié sur la campagne. Donc la discipline s'impose plus que jamais.

Jadis un mauvais soldat en garnison était parfois très bon en campagne. On appelait surtout mauvais soldat