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générale du climat, surtout dans les parties basses de l'île, défaut total de ressources locales, sauf en Emyrne. Quant à l'armée malgache, elle avait été partiellement dressée par quelques instructeurs français et étrangers et on savait qu'elle pouvait mettre en ligne de vingt-cinq à trente mille soldats convenablement armés, et quarante ou cinquante pièces d'artillerie.

Dans le but de contrôler ces diverses données, une commission mixte des ministères des affaires étrangères, des colonies, de la marine et de la guerre fut constituée. Elle déposa un rapport, exposé militaire et géographique, qui résumait les connaissances qu'on possédait alors sur la Grande Ile et contenait des propositions relatives à la constitution du corps expéditionnaire. La commission jugeait que douze mille hommes étaient nécessaires. Elle arrêtait la création d'une flottille de douze canonnières et de cinquante chalands démontables. Comme moyen de transport par terre, elle s'arrêta aux voitures métalliques dites Lefebvre.

Soixante millions de francs furent votés pour les frais de l'expédition. Le général de division Duchesne fut désigné comme commandant en chef du corps expéditionnaire avec le général de Torcy comme chef d'état-major, et le capitaine de vaisseau Bienaimé comme chef de la division navale. Comme pour toutes les expéditions coloniales, on fit appel à un bataillon de la Légion. J'en fis partie. Pendant ma carrière militaire, le sort m'a d'ailleurs favorisé, car, sauf le Soudan, j'ai fait partie de toutes les expéditions coloniales, aussi bien en Afrique qu'en Asie. Avant chaque départ il se trouvait quelques camarades qui me prophétisaient la mort, mais je répondais que celui qui craint la camarde ne fait jamais acte d'homme vivant. Puis, c'était mon rêve de voir la mort de visu.

Que les lecteurs m'excusent d'employer souvent le « moi » et de ne pas m'appliquer la maxime : « Le plus grand menteur est celui qui parle le plus souvent de