Page:Leon Wieger - Histoire des croyances religieuses en Chine, 1922.djvu/22

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dynastie, soit surfaite de deux siècles et plus. — Notons, en passant, que, vers l’an 1610, furent faits les premiers instruments chinois en fer. Jusque là le cuivre et le silex avaient été seuls employés. Le fer se substitua peu à peu au cuivre. Le silex continua longtemps encore à servir pour divers usages.

Il ne nous reste, de toute cette période, dans les Annales, qu’une seule pièce authentique. Comme elle est du fils de U le Grand et date de l’an 1976, elle se rattache plutôt à la période précédente. Un grand feudataire, le seigneur de Hou, ne voulut pas reconnaître K’i le nouvel empereur, et se déclara indépendant en refusant les signes de vassalité, dont le principal était l’usage du Calendrier impérial, fixant le premier jour de l’année et des lunaisons. L’empereur marcha contre ce rebelle. Avant la bataille qu’il lui livra à Kan, il fit à ses troupes la harangue substantielle que voici  : « Hommes des six légions, je vous le dis avec serment... Le seigneur de Hou ayant rejeté le calendrier officiel, le Ciel lui a retiré son mandat, et moi je vais lui infliger le châtiment décrété par le Ciel. — Hommes de droite, si vous n’attaquez pas à droite ; hommes de gauche, si vous n’attaquez pas à gauche ; conducteurs des chars, si vous ne dirigez pas vos chevaux droit à l’ennemi, vous aurez failli à votre devoir. Ceux qui auront obéi, seront récompensés devant les tablettes de mes Ancêtres. Ceux qui auront désobéi, seront mis à mort devant le tertre du Patron du sol. (Annales, Kan-cheu.) Nous savons ce que cela veut dire. L’empereur est le mandataire du Ciel. Il invoque ce mandat, quand il exige l’obéissance de ses sujets. — En campagne, l’empereur transportait avec lui, sur un char, les tablettes du temple de ses ancêtres. C’est devant elles qu’il les avertissait et les priait ; qu’il récompensait, comme en leur nom, ceux qui s’étaient distingués. — Le grand tertre du Patron du sol de l’empire, était à la capitale. Un moindre se trouvait dans le chef lieu de chaque fief. Un petit, dans chaque agglomération humaine. Quand l’empereur était en tournée ou en campagne, on en élevait un temporaire, là où il stationnait. C’est devant ce tertre que se faisaient les exécutions des coupables.


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H. Voilà tout ce que nous apprennent les textes d’avant le vingtième siècle. Ils sont des temps où Hammourabi régnait à Babylone, où Abraham quitta la Mésopotamie. Ils sont antérieurs de bien des siècles, au brahmanisme et au Mazdéisme. En résumé : Culte religieux d’un Être suprême, Ciel, Souverain d’en haut, Souverain universel, qui voit et entend tout, qui récompense et punit, qui fait et défait les princes ses mandataires ; ce culte réservé au gouvernement, est interdit au peuple. — Culte animiste rendu aux Génies des monts, des fleuves, de certains lieux ; âmes d’hommes glorieuses, défunts célèbres, bienfaiteurs de la nation ; culte réservé au gouvernement et interdit au peuple. — Culte du Patron local du sol, au tertre de chaque village ; le seul culte public permis au peuple. Culte privé des Ancêtres, par toutes les familles, chacune honorant les siens. On est avec eux en communication incessante. On les informe de tout. On les invite par la musique. On leur fait des offrandes. On espère leur bénédiction. — Divination officielle, espèce de science exacte, pour