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Page:Leon Wieger - Histoire des croyances religieuses en Chine, 1922.djvu/54

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aucun déshonneur qui rejaillirait sur moi. — Après avoir entendu ce discours de l’empereur, tous les feudataires se saluèrent les uns les autres par une inclinalion profonde, signe d’acquiescement général. Puis ils se retirèrent en toute hâte, pour ne pas troubler plus longtemps le grand silence du deuil. — L’empereur déposa alors le costume impérial, et revêtit la robe de chanvre, dans laquelle il allait pleurer son père durant trois ans. » C’est-à-dire, pratiquement, durant le reste de Tannée du décès, une seconde année complète, enfin le commencement de la troisième année, (Annales, Kou-ming et K’ang-wang-tcheu kao).

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H.   Après cette digression non inutile, reprenons la série chronologique des textes de la troisième dynastie, relatifs au Souverain d’en haut, au Ciel. — En 912, à l’occasion de la promulgation d’un nouveau Code, il est dit des juges, qu’ils sont les délégués du Ciel sur la terre ; il est dit des gouverneurs, qu’ils sont pasteurs du peuple pour le compte du Ciel. — En 831, l’empereur [J^]] Li gouvernant mal, les plaintes au Ciel, les adjurations au nom du Ciel, se multiplient. Je relève les expressions, le Ciel est irrité, le Ciel s’agite, le Ciel sévit, le Ciel nous afflige, le Ciel surveille, le Ciel voit tout, craignons la colère du Ciel, etc. A l’empereur qui traite le peuple brutalement, il est conseillé d’imiter l’influence douce du Ciel sur le peuple. Grâce à la douceur de cette influence, dit le texte, l’obéissance répond au commandement, comme, dans les symphonies, le son de la flûte répond à celui de l’ocarine. Volonté du Ciel et volonté du peuple s’adaptent l’une à l’autre, comme un sceptre d’investiture et sa forme de contrôle. Gagner le peuple est chose facile. Il cède toujours à une douce influence. (Annales, Lu-hing. — Odes, Pan.)

En 822, la sécheresse et la famine désolant l’empire, l’empereur Suan gémit : Le Ciel ne nous envoie plus que deuils et malheurs. Le Souverain d’en haut ne nous vient plus en aide. Le Splendide Ciel Souverain d’en haut semble ne pas vouloir nous laisser vivre. » — En 820, un ministre de l’empereur Suan dit que, par considération pour l’empereur, le Ciel s’est incliné vers la terre, et a donné au Fils du Ciel l’habile ministre [] Tchoung-chan-fou. Ce texte contient la phrase suivante, qui est importante : « Le Ciel qui produit les hommes, leur donne, avec l’être, une loi, qui les porte à se bien conduire. » (Odes, Yunn-han, Tcheng-minn.)

En 773, l’empereur [^] You se conduisant et gouvernant fort mal, un officier gémit : « Le Ciel jadis miséricordieux, est devenu inexorable. Le Ciel jettera bientôt son filet sur les coupables. » — Un autre officier calomnié, se lamente ainsi : « O lointain Splendide Ciel qu’on appelle Père et Mère, vois à quelle misère je suis réduit, moi innocent ! » — Un autre dit : « Le miséricordieux Ciel est devenu impitoyable. Qu’il sévisse contre les coupables, c’est justice ; mais pourquoi enveloppe-t-il les innocents dans leur châtiment ? Le peuple étonné lève les yeux vers le Ciel, se demandant si le Ciel aussi est devenu injuste. Non, l’auguste Souverain d’en haut ne fait de mal à personne injustement." (Odes. Chao-minn, K’iaoyen, U-ou-tcheng, Tcheng-ue.)