PRÉFACE.
Il m’a paru que, comme fondement à de sérieuses études sur le Taoïsme, deux Index étaient avant tout nécessaires. D’abord, l’Index du 道藏 Tao-tsang, Canon ou Patrologie[1], le Tripitaka des Taoïstes, collection faite par les moines, définitivement fixée au seizième siècle. Ensuite, un index réunissant les listes officielles ou privées des ouvrages taoïstes, dressées par des laïques, à diverses époques, du premier au dix-septième siècle. Ces deux Index épuisent la bibliographie taoïste.
I
Pour composer le premier Index, je me suis transporté à Pékin et à Tōkyō, où se trouvent les deux seules collections de la Patrologie taoïste que je connaisse (probablement les seules qui existent). J’ai compulsé les deux exemplaires, celui du 白雲觀 Pai-yunn-koan le grand couvent taoïste chinois, et celui du Tora-no-mon 圖書寮 Zushoryō la bibliothèque impériale réservée japonaise, complétant l’un par l’autre, aboutissant à une totalisation que j’estime complète, 1464 ouvrages en tout[2]. Je dois au noble et généreux concours de Monsieur 陳明霦 Tch’enn-mingpinn Abbé du Pai-yunn-koan, et de Monsieur 褔井毓 Fuku-i Bibliothécaire du Zushoryō, d’avoir pu mener à bien cette opération laborieuse. J’exprime ici, à ces Messieurs, ma profonde reconnaissance, et les assure que je conserve, de mes relations avec eux, et de leurs procédés à mon égard, le meilleur souvenir.
- ↑ Le terme Canon est cher aux auteurs européens. Le terme Patrologie est préférable, parce que plus exact. En effet, un canon suppose des vérités définies par une autorité. Or cela n’est le cas, ni pour le 三藏 San-tsang bouddhiste, ni pour le 道藏 Tao-tsang taoïste. Ce sont deux vastes collections des œuvres des Pères, écrits de toute nuance, colligés très au hasard. Le fait qu’un ouvrage a trouvé place dans ces recueils, ne lui confère aucune canonicité. Donc plutôt Patrologie.
- ↑ Mêmes planches, édition des 明 Ming, gravée durant la période 正德 Tcheng-tei 1506 à 1521, après 70 années de préparatifs. Forme paravent, longueur 33 cm, largeur 12,5 cm. L’exemplaire chinois, sur papier blanc fragile, est relié et enfermé dans des enveloppes en soie jaune. L’exemplaire japonais, qui a été collé sur papier solide, est relié en papier bleu, et enfermé dans des enveloppes en toile bleue. — Les empereurs 明 Ming ayant fait graver coup sur coup deux superbes éditions de la Patrologie bouddhiste, 1368 à 1398, et 1403 à 1424, les Taoïstes ne voulurent pas paraître inférieurs. De là leur édition, première et dernière, de la Patrologie complète, 1506 à 1521, dans laquelle le format, la gravure, la reliure, tout est imité du Tripitaka bouddhiste. — L’immense collection est classée, à la mode chinoise, par boîtes dans l’ordre du 千字文 Ts’ien-tzeu-wenn, liste de caractères que tout écolier chinois apprend par cœur, 天地玄黄 etc. Tant pis pour les Européens qui ne l’ont pas apprise. — Les termes 南藏 et 北藏, que l’on rencontre parfois dans les livres taoïstes, ne désignent pas deux éditions, mais deux collections complètes du Canon, celle du sud à 金陵 Kinn-ling, celle du nord à 西安府 Si-nan-fou. Cette dernière a péri dans un incendie. L’Abbé du Pai-yunn-koan m’a affirmé positivement qu’elle ne contenait aucun ouvrage qui ne fût contenu dans la collection du sud ; mais que, comme destruction de manuscrits anciens et d’éditions originales, la perte était immense et irréparable.