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Préface.


Ce volume contient ce qui reste de trois penseurs chinois, 老子 Lao-tzeu, 列子 Lie-tzeu, 莊子 Tchoang-tzeu, qui vécurent du sixième au quatrième siècle avant l’ère chrétienne.

Lao-tzeu, le Vieux Maître, fut un contemporain de Confucius, plus âgé que lui d’une vingtaine d’années. Sa vie s’écoula entre les dates 570-490 probablement (les dates de Confucius étant 552-479). Rien, de cet homme, n’est historiquement certain. Il fut bibliothécaire à la cour des 周 Tcheou, dit la tradition taoïste. Il vit Confucius une fois, vers l’an 501, dit encore la tradition taoïste. Las du désordre de l’empire, il le quitta, et ne revint jamais. Au moment de franchir la passe de l’Ouest, il composa pour son ami, le 關合 préposé à la passe 尹喜 Yinn-hi, l’écrit célèbre traduit dans ce volume. Cela encore est tradition taoïste. Dans la très courte et très insignifiante notice 老子列傅 qu’il lui a consacrée vers l’an 100 avant J. C., 司馬遷 Seuma-ts’ien dit que, d’après certains, le nom de famille du Vieux Maître fut 李 Li, son prénom commun 耳 Eull, son prénom noble 伯陽 Pai-yang, son nom posthume 聃 Tan (d’où l’appellatif posthume Lao-tan). Mais, ajoute le célèbre historien, lequel fut, comme son père, plus qu’à moitié taoïste, « d’autres disent autrement, et, du Vieux Maître, on peut seulement assurer ceci, qu’ayant aimé l’obscurité par dessus tout, cet homme effaça délibérément la trace de sa vie. » (史记 Cheu-ki, chap. 63). — Je n’exposerai point ici la légende de Lao-tzeu, ce volume étant historique.

Lie-tzeu, Maître Lie, de son nom 列禦寇 Lie-uk’eou, aurait vécu, obscur et pauvre, dans la principauté 鄭 Tcheng, durant quarante ans. Il en fut chassé par la famine, en l’an 398. À cette occasion, ses disciples auraient mis par écrit la substance de son enseignement. Ces données reposent aussi uniquement sur la tradition taoïste. Elles ont été souvent et vivement attaquées. Mais les critiques de l’index bibliographique 四庫全書 Seu-k’ou-ts’uan-chou, ont jugé que l’écrit devait être maintenu.

Tchoang-tzeu, Maître Tchoang, de son nom 莊周 Tchoang-tcheou, ne nous est guère mieux connu. Il dut être au déclin de sa vie, vers l’an 330. Très instruit (Seuma-ts’ien, Cheu-ki, l.c. appendice), il passa volontairement sa vie dans l’obscurité et la pauvreté, bataillant avec verve contre les théories et les abus de son temps.