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Lao-Tzeu.

est son état propre. L’état yang d’expansion et d’action, de manifestation dans les êtres sensibles, est son état dans le temps, en quelque sorte impropre. À ces deux états du principe, répondent, dans la faculté de connaître de l’homme, le repos et l’activité, autrement dit le vide et le plein. Quand l’esprit humain produit des idées, est plein d’images, s’émeut de passions, alors il n’est apte à connaître que les effets du principe, les êtres sensibles distincts. Quand l’esprit humain, absolument arrêté, est complètement vide et calme, il est un miroir pur et net, capable de mirer l’essence ineffable et innommable du Principe lui-même. — Comparez chap. 32.

Chap. 2. Texte.

A. Tout le monde a la notion du beau, et par elle (par opposition) celle du pas beau (du laid). Tous les hommes ont la notion du bon, et par elle (par contraste) celle du pas bon (du mauvais). Ainsi, être et néant, difficile et facile, long et court, haut et bas, son et ton, avant et après, sont des notions corrélatives, dont l’une étant connue révèle l’autre.

B. Cela étant, le Sage sert sans agir, enseigne sans parler.

C. Il laisse tous les êtres, devenir sans les contrecarrer, vivre sans les accaparer, agir sans les exploiter.

D. Il ne s’attribue pas les effets produits, et par suite ces effets demeurent.

Résumé des commentaires.

Les corrélatifs, les opposés, les contraires comme oui et non, sont tous entrés dans ce monde par la porte commune, sont tous sortis du Principe un (chap. 1. C). Ils ne sont pas des illusions subjectives de l’esprit humain, mais des états objectifs, répondant aux deux états alternants du Principe, yinn et yang, concentration, et expansion. La réalité profonde, le Principe, reste toujours le même, essentiellement ; mais l’alternance de son repos et de son mouvement, crée le jeu des causes et des effets, un va-et-vient incessant. À ce jeu, le Sage laisse son libre cours. Il s’abstient d’intervenir, ou par action physique, ou par pression morale. Il se garde de mettre son doigt dans l’engrenage des causes, dans le mouvement perpétuel de l’évolution naturelle, de peur de fausser ce mécanisme compliqué et délicat. Tout ce qu’il fait, quand il fait quelque