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Lao-Tzeu.

procède). Il paraît avoir été (il fut) avant le Souverain.

Résumé des commentaires.

Ce chapitre important est consacré à la description du Principe. À cause de l’abstraction du sujet, et peut-être aussi par prudence, ses conclusions choquant les anciennes traditions chinoises, Lao-tzeu emploie trois fois le terme atténué paraître, au lieu du terme catégorique être. — Il ne se prononce pas sur l’origine du Principe, mais le fait antérieur au Souverain des Annales et des Odes. Ce Souverain ne saurait donc être, pour Lao-tzeu, un Dieu créateur de l’univers. Il n’est pas davantage un Dieu gouverneur de l’univers, car jamais Lao-tzeu ne lui fera une place dans son système, à ce titre. La déclaration faite ici, qu’il est postérieur au Principe, équivaut donc pratiquement à sa négation. — Le Principe, en lui-même, est comme un gouffre immense, comme une source infinie. Tous les êtres sensibles sont produits par son extériorisation, par sa vertu tei opérant dans le binôme ciel-terre. Mais les êtres sensibles, terminaisons du Principe, ne s’ajoutent pas au Principe, ne le grandissent pas, ne l’augmentent pas, ne le remplissent pas, comme dit le texte. Comme ils ne sortent pas de lui, ils ne le diminuent pas, ne le vident pas non plus, et le Principe reste toujours le même. — Quatre qualités lui sont attribuées, qui seront plus tard souvent proposées à l’imitation du Sage (par ex. chap. 56). Ces qualités sont assez mal définies par les termes positifs paisible, simple, modeste, amiable. Les termes de Lao-tzeu sont plus complexes. Être mousse, sans pointe ni tranchant. N’être pas embrouillé, compliqué. N’être pas éblouissant, mais luire d’une lumière tempérée, plutôt terne. Partager volontiers la poussière, la bassesse du vulgaire.

Chap. 5. Texte.

A. Le ciel et la terre ne sont pas bons, pour les êtres qu’ils produisent, mais les traitent comme chiens de paille.

B. À l’instar du ciel et de la terre, le Sage n’est pas bon pour le peuple qu’il gouverne, mais le traite comme chien de paille.

C. L’entre-deux du ciel et de la terre, siège du Principe, lieu d’où agit sa vertu, est comme un soufflet, comme le sac d’un soufflet dont le ciel et