Aller au contenu

Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t3, 1880, trad. Aulard.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XVII

Éloge des oiseaux.


Amelio, philosophe solitaire, était, un matin de printemps, assis, avec ses livres, à l’ombre d’une de ses villas, et lisait. Ému du chant des oiseaux dans la campagne, peu à peu il se prit à écouter et à penser, et laissa là sa lecture. Enfin il mit la main à la plume et, dans ce même lieu, il écrivit les choses qui suivent.

Les oiseaux sont naturellement les plus joyeuses créatures du monde. Je ne dis pas cela en tant que, si on les voit ou on les entend, ils nous réjouissent toujours : je parle des oiseaux en eux-mêmes et je veux dire qu’ils éprouvent de l’agrément et de la joie plus qu’aucun autre animal. Les autres animaux se montrent communément sérieux et graves, et même beaucoup d’entre eux paraissent mélancoliques : rarement ils font des signes de joie, et encore ces signes sont-ils faibles et passagers ; dans la plupart de leurs jouissances et de leurs plaisirs, ils ne font pas fête et ne mani-