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Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t3, 1880, trad. Aulard.djvu/70

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voient et éprouvent dans leur vie une infinie diversité de choses ; ils exercent continuellement leur corps ; la vie extérieure abonde chez eux outre mesure. Tous les autres animaux, dès qu’ils ont pourvu à leurs besoins, aiment à se tenir tranquilles et oisifs ; aucun, si ce n’est les poissons, et aussi quelques insectes volatiles, ne va courir au loin par seul passe-temps. Ainsi, l’homme des bois a coutume de faire à peine un pas, si ce n’est pour subvenir au jour le jour à ses nécessités, lesquelles demandent une peine bien petite et bien courte, ou à moins qu’il ne soit chassé par la tempête, par une bête sauvage ou par quelque autre cause semblable : il se plaît surtout au repos et à l’insouciance ; il passe les jours presque entiers assis négligemment et en silence dans sa cabane informe, ou au dehors, ou dans les crevasses et les cavernes des roches et des pierres. Les oiseaux, au contraire, restent très peu de temps en un même lieu ; ils vont et viennent continuellement sans nécessité aucune ; ils ont coutume de voler par amusement, et souvent, étant allés par divertissement à plusieurs centaines de milles du pays où ils ont coutume de séjourner, le même jour, sur le soir, ils y retournent. Et dans le faible instant où ils se posent en un lieu, on ne les voit jamais se tenir le corps immobile ; toujours ils se tournent de côté et d’autre, toujours ils se remuent, se penchent, s’étirent, se secouent, se démènent avec cette vi-