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Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t3, 1880, trad. Aulard.djvu/72

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gements variés, qui est le don le plus grand et le plus profitable dont la nature puisse gratifier une âme vivante. De sorte que les oiseaux ont en abondance ce qui, dans l’imagination, est bon et utile à l’agrément de l’âme, sans toutefois participer à ce qui est nuisible et douloureux. Et, comme ils ont en abondance les choses de la vie extérieure, ils ont aussi les richesses de la vie intérieure ; mais de telle sorte que cette abondance devient pour eux un bienfait et un plaisir, comme chez les enfants, et non pas un dommage et une misère insigne, comme la plupart du temps chez les hommes. En effet, comme l’oiseau, pour la vivacité et la mobilité extérieures, a une ressemblance manifeste avec l’enfant ; de même, on peut croire raisonnablement qu’il lui ressemble pour les qualités intérieures de l’âme. Si les biens de cet âge étaient communs aux autres âges et si les maux n’étaient jamais plus grands qu’alors, peut-être l’homme aurait-il des raisons de supporter la vie patiemment.

À mon avis, la nature des oiseaux, si nous la considérons de certaine façon, dépasse en perfection celle des autres animaux. Par exemple, si nous considérons que l’oiseau l’emporte de beaucoup sur tous par la faculté de voir et d’entendre (et, selon l’ordre naturel, de cette double faculté procèdent, pour les créatures animées, les sentiments principaux), on peut en conclure que la nature de l’oi-