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Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t3, 1880, trad. Aulard.djvu/87

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ŒUVRES MORALES. terre a changé et change sans cesse de figure : elle devient chaque jour plus dense autour de l’é- quateur, et au contraire elle se déprime de plus en plus aux pôles. Il arrivera donc qu’au bout d’un certain temps dont la longueur, bien que mesu- rable en soi, ne peut être connue des hommes, la terre s’applanira des deux côtés de l’équateur, de telle sorte que, perdant sa forme sphérique, elle ressemblera à une table mince et ronde. Cette roue, à force de tourner, de s’amincir et de se di- later, finira, par la fuite de ses parties centrales, par se percer dans le milieu. Ce trou s’élargira de jour en jour, la terre deviendra comme un anneau, et, enfin, s’en ira en morceaux : ces morceaux, lancés hors de l’orbite actuelle de la terre et per- dant leur mouvement circulaire, se précipiteront sur le soleil ou peut-être sur quelque planète. N’y a-t-il pas un exemple qu’on pourrait appor- ter à l’appui de ce discours ? Je veux parler de l’anneau de Saturne, sur la nature duquel les phy- siciens ne s’accordent pas. Et bien que nouvelle et inattendue, ce ne serait peut-être pas une con- jecture invraisemblable, que de présumer que cet anneau était à l’origine une des petites planètes destinées à la suite de Saturne : elle se serait ap- planie, puis percée au milieu, par un motif sem- blable à celui que nous avons dit pour la terre, mais beaucoup plus vite, étant peut-être d’une matière moins dense et plus molle ; ensuite, elle