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Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t3, 1880, trad. Aulard.djvu/89

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77 ne dis pas un certain nombre d’individus, mais absolument tous les genres et toutes les espèces que contiennent maintenant la terre et les planètes. Voilà peut-être, ou à peu près, ce qui fut dans l’esprit de ces philosophes, tant grecs que bar- bares, qui affirmèrent que ce monde était destiné à périr par le feu. Mais comme nous voyons que le soleil même tourne autour de son axe et qu’on doit croire la même chose des étoiles, il s’en suit que le soleil et les étoiles doivent, dans le cours du temps, se dissoudre non moins que les pla- nètes, et que les flammes se disperseront dans l’espace. Ainsi, le mouvement circulaire des sphères du monde, cet élément principal de l’ordre actuel de la nature, qui est comme le principe et la source de la conservation de cet univers, sera d’autre part la cause de la destruction de cet uni- vers et de cet ordre. Si les planètes, la terre, le soleil et les étoiles doivent périr, il n’en sera pas de même de leur ma- tière. Il se formera de nouvelles créatures, divisées en de nouveaux genres et en de nouvelles espèces, et il naîtra, par les forces éternelles de la matière, un nouvel ordre des choses et un nouveau monde. Quant aux qualités de ce monde-là, comme aussi des autres mondes innombrables qui furent et seront, nous ne pouvons même pas les conjecturer.