Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/127

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une innovation, comme devant révolutionner le théâtre. Elle ne remua rien. C’était une imitation et une modernisation de la Phèdre classique. Comme le fit observer Zola, avec un juste sens critique : Les nouveautés de M. Pagès du Tarn se bornent à un changement de costume, l’habit noir au lieu de la toge romaine, à un changement de nom, le nom d’Abel au lieu de celui d’Hippolyte… Et il ajoute, car tout le morceau est à citer, comme une excellente distinction entre le véritable neuf et le ressemelage, en art dramatique : L’auteur ne s’aperçoit pas d’un écueil ; voulant faire, comme il le dit, la tragédie de l’homme, et non celle des rois et des héros, choisissant un sujet bourgeois, ne doit-il pas craindre de rendre plus ridicule encore l’emphase et la déclamation, dans le cercle restreint d’une famille. Thésée, Hippolyte peuvent invoquer les dieux, ils en descendent. Mais tel ou tel marchand enrichi sera parfaitement ridicule de faire ainsi les grands bras. Est-ce à dire que ces drames, qui s’agitent confusément dans l’ombre d’une maison, que ces passions terribles, qui désolent une famille, ne présentent aucun intérêt, ne soient pas dignes d’être mis sur la scène. Loin de là ; seulement il faut, selon moi, que le style s’accorde avec le genre, et, certes, le vieux style classique, les exclamations, les périphrases sont ce qu’il y a de plus faux au monde dans la bouche d’un petit bourgeois… C’est toute la poétique future des Rougon-Macquart, et le commentaire du verbe des gens de l’Assommoir Zola, déjà, portait dans sa tête sa poétique, sa formule. Cet emploi chez Hachette, supportable gagne-pain, initiait le jeune provincial, un peu « ours » et dénué de relations, à la vie littéraire de Paris. Zola lui dut de connaître des écrivains renommés, comme About, Taine et Prévost-Paradol, auteurs de la maison. Il avait en outre ce