La Fée amoureuse, qui veille sur les amants, ferme les yeux et les
oreilles des gens qui n’aiment plus, et change deux êtres qui s’adorent en
tiges de marjolaine, rentre dans le fantastique gracieux, un peu romance
1820 et sujet de pendule.
Dans le Sang, la guerre est maudite, le supplice de Jésus est évoqué, et
l’état militaire peu flatté :
Fils, dit à son réveil Gneuss, le soldat, debout devant ses compagnons
attentifs, c’est un laid métier que le nôtre. Notre sommeil est
troublé par les fantômes de ceux que nous frappons. J’ai, comme vous,
senti, pendant de longues heures, le démon du cauchemar peser sur
ma poitrine. Voici trente ans que je tue, j’ai besoin de sommeil.
Laissons là nos frères. Je connais un vallon où les charrues manquent
de bras. Voulez-vous que nous goûtions au pain du travail ?…
—Nous le voulons ! répondent les antimilitaristes précurseurs, qui, après
avoir creusé un grand trou au pied d’une roche, enterrent leurs sabres et
disparaissent au coude d’un sentier, où il ne passe jamais de gendarmes.
Les Deux Voleurs et l’Âne, badinage au bord de la Seine. Une jeune femme,
Antoinette, est disputée par deux concurrents. Ils vont se couper la
gorge, quand Léon, le troisième larron, enlève, à leur barbe, la jeune
personne, que l’auteur compare ainsi à l’Aliboron du fabuliste. Peut-être,
dans l’histoire naturelle, par exemple dans l’ornithologie, aurait-il pu
trouver une plus aimable ou plus usitée comparaison.
Sœur des Pauvres et les Aventures du Grand Sidoine et du Petit Médéric
sont les deux pièces les plus importantes du recueil. C’est Sœur des
Pauvres que l’auteur remit à M. Hachette, pour le Journal de la
Jeunesse : on sait qu’il n’accepta pas ce conte, jugé
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