En 1865, fut publié, également chez Lacroix, le premier véritable roman
d’Émile Zola : la Confession de Claude.
Ce livre, qui contenait déjà des pages d’observation, avec une tendance
aux descriptions réalistes, ayant rapporté quelques sous au jeune auteur,
amena un changement dans son existence. Il résolut d’être tout à fait
indépendant, de quitter la librairie et de vivre de sa plume. Il donna
donc sa démission d’employé, et, à la fin de janvier 1866, il devenait
homme de lettres professionnel ; rien qu’homme de lettres il devait
rester.
Il fallait suppléer aux deux cents francs mensuels, régulièrement touchés
à la caisse des Hachette. Heureusement, Zola fut présenté à Villemessant
par Bourdin, son gendre, avec lequel il avait fait connaissance à la
librairie, où celui-ci venait chercher des livres.
Villemessant fut le Napoléon de la presse littéraire, élégante et
cosmopolite, le grand Barnum du journalisme, anecdotique, scandaleux,
amusant. Il fit du Figaro un organe de premier ordre, à peu près
l’unique journal français encore lu à l’étranger et, jusqu’à la création
récente du journal d’informations à six pages, à grand tirage et à un sou,
la seule feuille faisant autorité dans les théâtres, en librairie, dans
les salons et même dans la diplomatie.
Le Figaro, en 1866, paraissait sur huit pages, deux fois par semaine
seulement. Villemessant voulut lui adjoindre un quotidien : l’Évènement.
La plupart des rédacteurs qui faisaient la réputation du Figaro, où la
politique n’existait pas, devaient passer à l'Évènement. C’étaient de
spirituels et incisifs chroniqueurs : Henri Rochefort, Yriarte (le marquis
de Villemer), Alphonse Duchesne, Alfred Delvau, Jules
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