et naturelle dévolution, aux enfants déshérités du travail. Mais, en 1870, Médan n’était encore qu’un espoir, et Zola logeait et travaillait dans un modeste appartement batignollais. Au cours de ces années d’apprentissage littéraire et de labeur pour le pain quotidien, un événement important s’était produit dans la vie chaste et retirée de Zola. J’ai dit combien il vivait à l’écart, en « ours », ne fréquentant ni les bureaux de rédaction, ni les cafés de gens de lettres. On ne le voyait jamais dans les journaux où il écrivait. Au café de Madrid, qui fut un centre important d’agitation littéraire et politique, aux dernières années de l’empire, il était inconnu. Au café Caron, au café de l’Europe, à la brasserie Serpente, au café Tabouret, chez Glaser, au Procope, où se retrouvaient étudiants, professeurs, publicistes, philosophes, tribuns, poètes, correspondants de feuilles étrangères et proscrits cosmopolites, on ne l’entendait pas discutant, exposant théories et systèmes, dont, pourtant, il était amplement pourvu, réformant la société, renversant le gouvernement ou bouleversant les vieux dogmes et les littératures surannées, parmi les feutres des bocks empilés. J’ai dit qu’on ne l’aperçut ni dans l’arrière-boutique d’Alphonse Lemerre, ni chez la marquise de Ricard, pas plus que chez Nina de Callias, où les Parnassiens récitaient leurs premiers vers, commençaient la conquête du public, dirigeaient leur marche vers l’Académie, vers la gloire. Il avait cessé de se rendre aux lundis de Paul Meurice. Son petit cénacle de condisciples provençaux, et de quelques peintres impressionnistes, voilà toutes ses relations. Il vivait donc très seul. Ce fut alors qu’il se maria. Il épousa Mlle Alexandrine Meley.
Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/174
Apparence