Très bon critique de lui-même, il se jugeait sans indulgence ni parti pris. Bien avant que Coupeau et Gervaise eussent lancé son nom aux quatre coins de l’univers lisant, il s’était reconnu capable d’être un maître romancier, et il avait persévéré dans sa tâche. Indifférent à l’indifférence, il avait laborieusement entassé les chapitres sur les chapitres, les livres sur les livres, attendant l’aube du succès, avec la confiance du laboureur traçant le sillon, répandant ses semailles, et ne doutant pas de voir la semence lever et le jour de la moisson venir. Il trouvait en lui-même cette certitude. Pas une heure, il ne put douter de ses romans. Il continua donc à en combiner l’ordonnancement, et à exécuter, scrupuleux architecte d’un devis arrêté, le plan généalogique de la famille Rougon-Macquart, tel qu’il l’avait conçu, tracé et décidé. Au théâtre, au contraire, il ne s’avançait que timidement, doutant des autres et de lui-même. Il tâtonna dans cette voie, pour lui hasardeuse et malaisée. Il s’y était, pourtant, engagé dès la prime jeunesse. Au collège, à Aix, il avait écrit trois actes comiques ; d’abord, un acte en prose : Enfoncé, le Pion ! Il s’agissait d’un pauvre diable de maître d’études courtisant une jeune femme, que lui enlevaient deux élèves de rhétorique. Le triomphe de Don Juan collégien. Le Principal avait son rôle de Cassandre. On le bernait et on le rossait. Cette œuvre enfantine, rancune de potache, devait avoir un titre plaisant : Un pion qui veut aller à dame ! Le novice auteur le changea comme trop long. Enfoncé, le pion ! n’a d’ailleurs jamais vu l’aurore de la rampe, et demeurera, sans doute, éternellement plongé dans les limbes des œuvres inédites. D’autres œuvres infantiles, comme Perrette, d’après la fable de La Fontaine,
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