sentent rien autre que les passions et les goûts de l’instant où elles sont lancées dans la vie publique, parfois au hasard et par le caprice d’un parrain demeuré anonyme, sont des moyens de classement et des procédés mnémotechniques. Elles se distribuent souvent à tort. La plupart du temps, elles soulèvent des protestations et des résistances de la part de ceux à qui on les applique, comme des papiers de police mensongers et de faux états signalétiques. Elles finissent, après avoir été l’origine et le prétexte de querelles, de haines, d’excommunications, de cruautés, et de vengeances aussi, par tomber dans l’oubli et dans le ridicule. On comprend à peine aujourd’hui les violences qui s’élevèrent, aux temps de la scholastique, entre réalistes et nominalistes. Guillaume de Champeaux et ce docte Abailard, demeuré glorieux surtout par une aventure d’amour barbarement interrompue, nous semblent deux théologiens qui disputèrent follement à propos de choses bien peu passionnantes. Les âpres controverses qui agitèrent le XVIIe siècle, à la suite des propositions de Jansénius sur le libre arbitre et sur la grâce, sont pour nous d’incompréhensibles logomachies, de peu intéressantes rivalités de casuistes. Si l’histoire nous a rendu familières la plupart des appellations dont usèrent les factions, sous la Révolution, comme celles de feuillants, de brissotins, de girondins, de dantonistes, de montagnards, d’hébertistes, nous englobons ceux qui s’en servirent dans une admiration collective ou dans un antagonisme parallèle, selon nos propres sentiments, et l’on ne se préoccupe plus des nuances ni des épithètes. De nos jours, les appellations de légitimistes, d’opportunistes, de centre-gauchers, ne nous représentent qu’une masse de politiciens plus ou moins entachés de réaction. Les qualificatifs dont s’affublent,
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