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Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/26

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étaient d’une exubérance démonstrative et d’une intarissable loquacité. Ils formaient contraste avec le calme opiniâtre des légionnaires d’Italie, qui, lentement, posément, envahirent et gardèrent le sol gaulois. Émile Zola est un Méridional né à Paris, emporté, tout enfant, tout inconscient, dans son milieu originel, y redevenant homme du Midi, sobre, tenace et taciturne, revenant ensuite dans la grande ville cosmopolite, et en partie méridionale par afflux universel, mais cité du Nord maritime, par le climat et les mœurs. Il a traversé sans se mélanger, comme le Rhône le Léman, l’énorme capitale, sans perdre rien de sa saveur natale, de ses qualités de terroir, sans y diluer ce qu’il tenait de l’hérédité. C’est à Aix-en-Provence, et dans sa banlieue, qu’il acquit les premières initiations intellectuelles ; c’est dans cette ville qu’il subit cet ensemencement du cerveau, plus pénétrant chez les jeunes gens de seize à vingt ans, destinés à grandir et à se développer hors du sillon d’origine. Il n’est pas Méridional pur sang. Les croisements sont favorables aux perfectionnements des produits, déclarent les embryogénistes. Zola, comme plusieurs hommes supérieurs, eut une généalogie complexe, et sa filiation est mixte. L’hérédité joue un rôle considérable dans la formation des intelligences et des caractères. Il est douteux pourtant que son rôle ait l’importance qu’on lui attribue souvent, et que Zola a propagée, d’après les doctrines du docteur Lucas. Les Rougon-Macquart sont issus de la volonté de l’auteur d’étudier les dispositions héréditaires d’un certain nombre d’individus, et les déformations psychologiques que les tares et les dégénérescences peuvent produire chez ces êtres, placés dans des milieux différents et dans des conditions sociales antagonistes.