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Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/411

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chaque pas ne semble-t-on pas descendre dans le passé, et revivre la vie antique ? Là encore, la désillusion est profonde. L’antiquité ne se retrouve, à Rome, que dans l’érudition de ceux qui la cherchent. Les ruines romaines sont sans intérêt, des fûts et des vieilles pierres quelconques. À Orange et à Nîmes, nous avons des vestiges de l’architecture et de la civilisation romaines plus importants. Tout est neuf, à Rome, ou vieillot. L’antique a disparu. Les habitants eux-mêmes reconnaissent qu’ils n’ont rien de commun avec les premiers possesseurs de l’emplacement compris entre les sept collines : ils ont effacé, avili, jusqu’au souvenir de la Rome antique, en appelant le Forum le champ aux Vaches, campo Vaccino, et le Capitole le champ d’huile ou de colza, Campioglio. Ô Manlius ! ô Cicéron ! Zola a beau user d’un de ces leitmotiv qui lui sont habituels, et faire répéter par tous ses personnages, même par le pape, que les pontifes chrétiens sont les héritiers directs des Césars, que les cardinaux, les prélats, sont toujours les enfants du vieux Latium, qu’ils se drapent dans leur pourpre comme la lignée des Auguste, rien n’est plus faux. Les Italiens, en deçà et au delà du Tibre, n’ont ni une goutte de sang, ni une cellule cérébrale des anciens occupants du sol sabin. Le soc des guerriers l’a trop profondément remué, ce champ ouvert à toutes les invasions, pour qu’on y retrouve les racines primitives et les souches ancestrales. Le sang étranger a fait sa transfusion et circule dans les veines de ces races renouvelées. Zola semble croire que l’absolutisme est une question de localité, de terroir césarien, un legs atavique de la Rome impériale. C’est une erreur historique. La domination de l’Église est au-