Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/415

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héros. Ces deux personnages sympathiques ont pour repoussoir un disciple de Rodin du Juif Errant. Un certain Sconbiono, curé terrible, qui empoisonne les gens avec des figues provenant du jardin des jésuites, est à faire frémir. Rien que ce curé empoisonneur aurait ravi l’excellent Raspail, qui voyait des jésuites embusqués parmi les massifs de son beau jardin d’Arcueil, et de l’arsenic jusque dans le bois du fauteuil du président des assises, lors de l’affaire Lafarge. Le roman de Dario et de Benedetta est émouvant. C’est du bon Eugène Sue. La mort de Benedetta est singulière : bien que mariée, elle est vierge, car elle s’est refusée à son époux, Prada, personnage incertain, ambigu. Elle réserve pour son Dario, quand son mariage sera annulé, la fleur fanée de sa virginité. Dario est empoisonné par les figues du curé d’Eugène Sue, et, sur son lit de mort, transformé en couche nuptiale, Benedetta, après s’être consciencieusement déshabillée, s’offre, se livre. Zola semble dire que l’acte in extremis est consommé. Les deux amants meurent dans un spasme. Les figues empoisonnées opèrent par inhalation, par contagion, sur Benedetta qui n’en a pas mangé. Voilà qui peut dérouter bien des idées qu’on s’était faites en toxicologie, et aussi sur la physiologie du mariage. Les deux corps, unis dans cette copulation moribonde, ne peuvent plus se dessouder. Quoi ! fort même dans la mort ! Quel gaillard ce Dario ! Un cadavre pourvu de la ténacité rigide d’un caniche vivant, c’est bien extraordinaire. Encore un exemple des exagérations méridionalistes de Zola. Des personnages secondaires ou épisodiques, très fermement modelés, Narcisse Habert, le diplomate esthète ; dom Vigilio, le secrétaire trembleur, affirmant la puissance des jésuites ; Paparelli, reptile qu’on entend