Parmi les amis et admirateurs de toute la vie de Zola, il est bon de citer
au premier rang, surtout parce que, poète lyrique, auteur dramatique et
critique, ayant vécu, travaillé, grandi, en dehors du naturalisme, il
semblait devoir être plutôt éloigné de l’auteur de Germinal, mon vieux
camarade du Parnasse, Catulle Mendès.
Au banquet donné au Chalet des Îles, au Bois de Boulogne, le 20 janvier
1893, à l’occasion de la publication du Docteur Pascal, qui terminait
la série des Rougon-Macquart, après le toast d’Émile Zola, remerciant la
presse et son éditeur Charpentier, disant : « Cette fête est celle de notre
amitié, qui dure depuis un quart de siècle, et qu’aucun nuage n’assombrit
jamais, sans qu’aucun traité nous ait liés, l’amitié seule nous a unis et
l’amitié est le meilleur des contrats… » Catulle Mendès se leva et salua
en ces termes le héros de la cordiale cérémonie :
Je lève mon verre, cher et illustre maître, pour fêter le jour où
s’achève votre œuvre énorme, bientôt suivie certainement de tant
d’œuvres encore, universelle et juste gloire.
Réjouissez-vous, cher et illustre ami, car, plein de force géniale
pour de nouvelles réalisations, vous avez édifié déjà un monument
colossal qui, après avoir stupéfié d’abord, puis courbé à l’admiration
les hommes de notre âge, sera l’étonnement encore, mais surtout
l’enthousiasme des hommes de tout temps. Et, tout en réservant, —vous
m’y autorisez, —mon intime prédilection pour la Poésie, émerveillement
suprême, tout en gardant la plus haute ferveur de mon culte pour celui
qui n’est plus et ne mourra jamais, je salue en vous l’une des plus
solides, des plus magnifiques, des plus rayonnantes gloires de la
France moderne !
Cet hommage d’un artiste et d’un journaliste comme Catulle Mendès compense
et efface bien d’absurdes et haineuses diatribes.
Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/478
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