Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/486

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injuste attaque, à cette calomnieuse dénonciation, qui ne devrait trouver créance qu’auprès de ceux qui n’ont pas lu la Débâcle, venant après la déclaration de l’écrivain militaire et patriote Alfred Duquet, le témoignage des frères Margueritte n’est-il pas décisif, et ne doit-il pas anéantir enfin cette légende absurde de la Débâcle, livre anti-français : … Certes, Émile Zola se passe d’une caution comme la nôtre. Nous tenons à honneur, pourtant, de l’apporter au maître disparu. Se rappelle-t-on quelles clameurs indignées ont accueilli la Débâcle ? Zola, à entendre des patriotes d’excellents sentiments, mais qui sans doute n’avaient pas lu, ou pas réfléchi, ou pas remonté aux sources, Zola souillait l’uniforme français, calomniait l’armée, vilipendait la France. Hélas ! Nous aussi, après lui, nous avons voulu repasser par ce sanglant chemin de 1870, jalonné de nos morts. Nous aussi, après lui, nous avons retourné cette triste terre rouge, pèleriné à ces champs de bataille qui virent l’écroulement d’un empire et le chancellement d’une nation. Et nous pûmes nous convaincre, en contrôlant historiens, faits, détails, souvenirs, témoins, de quelle scrupuleuse vérité, de quelle exacte et sévère documentation témoignait, pour le romancier méconnu, ce livre douloureux, mais probe : la Débâcle. La postérité appréciera plus justement, plus loyalement que beaucoup d’entre nos contemporains, admirateurs et contempteurs, l’œuvre littéraire de Zola. Elle s’occupera un peu moins de l’auteur de J’accuse et un peu plus du romancier historien de la Fortune des Rougon, du psychologue et du paysagiste de la Page d’Amour, du robuste peintre de la vie ouvrière dans Germinal et Travail. Nous pouvons, cependant, porter déjà un jugement,