Dans cette volière parisienne de la rue Neuve-Saint-Étienne-du-Mont,
Bernardin de Saint-Pierre avait composé ses Études de la Nature. Là,
peut-être, l’ancien officier de marine avait-il vu se dresser, parmi
les frimas et les givres, les lataniers des Pamplemousses. Par la vitre,
au loin, sur les trottoirs fangeux, il avait aperçu le gracieux couple
de Paul et Virginie, cheminant sous le dais de feuillage, poétique et
légendaire, décor touchant des pendules bourgeoises. Zola y gazouilla
ses vers juvéniles, pour la plupart destinés à l’oubli et au sacrifice
raisonné, en soufflant sur ses doigts, et en se servant non de la plume,
mais du crayon, car l’encre gelait dans la bouteille. Une scène vécue et
un décor vrai de cette vie de bohème que Murger a fardée.
Émile Zola, à vingt ans, réalisait donc le type classique du poète
miséreux, rêvait l’existence, incapable de se soumettre à un travail
qualifié de servile, imaginant récolter, sinon la fortune, du moins le
pain quotidien, en semant des rimes autour de lui. Ce grain-là ne germe
guère sur le pavé des cités. Il n’en avait cure et semaillait à force. Il
supportait allègrement sa débine. Il considérait sa mansarde, en forme de
cage vitrée, comme le nid logique du poète. Il projetait, en attendant
d’avoir achevé son poème de Paolo, d’écrire un petit acte en prose pour
« un nouveau théâtre » qui se montait aux Champs-Elysées. Zola débutant aux
Folies-Marigny. C’était amusant. Ce ne fut qu’une rêverie d’un instant,
une illusion, comme lorsqu’il déclarait « songer à une position » . Il se
reconnaissait, du reste, peu fait pour le théâtre. « Mon esprit ne se prête
pas à ce genre », disait-il alors, et cette appréciation personnelle fut
vérifiée plus tard.
Dans les rigoureuses et pénibles analyses qu’on fait de soi-même, à
l’heure où Baudelaire place l’examen de
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