individualités notoires, des héritiers de noms de gloire, les bonapartistes furent rares à l’assemblée du 8 février. En revanche, la masse électorale campagnarde vola pour des candidats étranges et novices, des inconnus, en nombre, beaucoup aussi de gens titrés, des hobereaux, des propriétaires, la plupart investis de commandements dans la mobile. Ce furent les cadres des mobilisés d’abord, puis les châteaux, les grandes exploitations industrielles, qui fournirent cette majorité singulière, ignorante et moutonnière, intolérante toujours, furieuse parfois, mais qui résumait, avec ses bizarreries, l’unité de pensée et de vouloir de la France : c’est-à-dire la paix.
Paris et quelques grandes villes avaient seuls émis des suffrages politiques. Là seulement les élections eurent une couleur, furent l’affirmation d’un programme, l’avènement d’un parti. Partout ailleurs la question de drapeau et de constitution avait été négligée. On ne s’était occupé que de la cessation complète des hostilités, et de la conclusion hâtive d’un arrangement territorial et financier quelconque avec les Prussiens, pour se débarrasser d’eux. Même dans les départements cléricaux et légitimistes de l’Ouest, il ne fut guère parlé du gouvernement. Les députés furent élus, non parce qu’ils étaient légitimistes, orléanistes, partisans des prérogatives de l’Église, mais parce qu’ils s’engageaient à voter la paix. On les choisissait sans doute de préférence à d’autres pacifiants, qui eussent affiché des sentiments républicains, mais ce n’était qu’un accessoire de leur mérite électoral, cette opinion anti-républicaine ; entre un royaliste voulant continuer la guerre et un radical s’engageant à voter la paix, le Morbihan eût choisi le radical. L’immense majorité votante alors laissait en dehors de toute discussion la forme républicaine : les partis consentaient un armistice politique, jusqu’à la paix.