dont les efforts pour s’associer ne faisaient que mettre en plus vive lumière leur isolement et leur impuissance, la magistrature avait démontré la solidité de l’édifice impérial et le peu d’importance de ceux qui prétendaient l’ébranler !
Dans leur défense, les accusés de l’Internationale s’étaient présentés, non comme des factieux prêts à s’armer, mais comme des citoyens un peu plus remuants que d’autres, voulant profiter des lois libérales de l’empire, pour discuter, à leur façon, et en se groupant, leurs intérêts professionnels. Celui qui avait porté la parole au nom de tous, l’accusé Tolain, ouvrier ciseleur, individualité alors sans notoriété, avait répliqué au ministère public, avec modération, et non sans apparence de raison :
Le réquisitoire que vous venez d’entendre est la preuve la plus grande du danger que courent les travailleurs, quand ils cherchent à étudier les questions qui embrassent leurs plus chers intérêts, quand ils veulent s’éclairer mutuellement, et s’efforcent de reconnaître les voies dans lesquels ils marchent en aveugles. Quoi qu’ils fassent, de quelque précaution qu’ils s’entourent, quelles que soient leur prudence et leur bonne foi, ils sont toujours menacés, poursuivis et tombent sous l’application de la loi.
Comme l’avocat impérial protestait, l’orateur ayant parlé d’arbitraire, Tolain ajouta :
Le mot d’arbitraire vous blesse ? Eh ! bien, pourtant, que nous est-il arrivé ? Un jour, un fonctionnaire s’est levé avec l’esprit morose, un incident a rappelé à sa mémoire l’association internationale, et, ce jour-là, il voyait tout en noir, d’innocents que nous étions la veille, nous sommes devenus coupables sans le savoir ; alors, au milieu de la nuit, on a envahi le domicile de ceux qu’on supposait être les chefs, comme si nous conduisions nos adhérents, tandis qu’au contraire tous nos efforts tendent à