Dans le premier volume de cette Histoire de la Commune de 1871, intitulé le Dix-Huit Mars, nous avons montré l’agitation et l’irritation des habitants de Paris, civils et gardes nationaux, à la veille de la capitulation et de l’entrée des Prussiens. Cet état des esprits eut pour résultats : la fédération des bataillons de la garde nationale et la formation d’un Comité Central, dirigeant cette force, pouvant en disposer.
En même temps, nous avons exposé les plans ingénieux et perfides de M. Thiers, tendant à briser le Comité Central et à désarmer la garde nationale, à la suite d’une rébellion qu’il provoquerait. Il avait résolu de susciter l’émeute pour l’étouffer.
L’originalité de ce plan ne lui appartenait pas : l’insurrection de Juin 1848 lui avait servi de guide. Il était aisé de la comprimer, dès les premières barricades, cette révolte. Elle eut toute liberté de s’étendre, de se fortifier, afin de permettre au général Cavaignac et à ses amis de saigner si fortement les faubourgs révolutionnaires, qu’on n’eût plus à craindre la moindre pulsation violente de leur part, même quand les approbateurs et complices de ce Cavaignac crieraient au secours, ou se feraient tuer inutilement sur la barricade de la rue Sainte-Marguerite, en décembre 51. M. Thiers, secondant une partie des vœux de l’Assemblée nationale, se proposait, non pas de rétablir la monarchie, comme la droite l’entendait, mais d’imposer une républi-