Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/101

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plus violents orateurs de réunions publiques. C’était un petit homme maigre, sec, au visage très pâle, presque terreux, sillonné de rides précoces. Une moustache imperceptible, les lèvres très minces, presque toujours plissées, il avait l’aspect triste et mécontent. Il semblait à la fois vieillot et jeunet. Il s’efforçait de s’exprimer avec netteté et décision. Il prit rapidement de l’autorité sur le public et le personnel des réunions. Aux élections de novembre 1869, il présida presque toutes les séances de la salle Molière, rue Quincampoix, où se discutaient les candidatures de Crémieux, de Pascal Duprat, de Pouyer-Quertier. Il fut condamné une première fois, en avril 1869, à quatre mois de prison pour excitation à la haine et au mépris du gouvernement. En décembre et en janvier 1870, nouvelles condamnations. Il se réfugia à Bruxelles. Il se lia en Belgique avec des membres de l’Internationale. Il revint au 4 septembre, fut nommé membre de la Commission d’armement du 4e arrondissement et participa au 31 octobre. Il se présenta aux élections générales du 8 février et n’obtint que 28,777 voix.

Au 26 mars, il fut nommé membre de la Commune dans le IVe Arrondissement (Hôtel-de-Ville) par 8,150 voix. Il fut élu secrétaire de la Commune et cumula cette fonction avec celle de délégué-adjoint au Journal Officiel. Il avait émis cet avis que toute la presse, pendant la lutte contre Versailles, devait être réduite à la seule publication du Journal officiel. Ses collègues journalistes protestèrent, et cette motion fort peu libérale fut écartée. Sa mission de délégué à l’Officiel se bornait à la surveillance des nouvelles et au contrôle des articles publiés, mais il s’en rapportait judicieusement aux hommes de lettres professionnels, comme Longuet, Pierre Denis et Vésinier, pour la rédaction ; ce en quoi il montrait son bon sens, car, orateur banal et sec